Estrées-Saint-Denis

Église Saint-Denis

L’église paroissiale d’Estrées-Saint-Denis, dédiée à saint Denis (premier évêque de Paris, martyr au 3e siècle),  est un bâtiment en pierres de taille que les historiens datent du XIe siècle. Plus précisément, sa construction s’est faite en quatre temps. Au XIe siècle, l’église (qui se limitait à une partie de l’actuel bas-côté Nord) donnait l’apparence d’une chapelle, étroite et peu lumineuse. Il y a tout lieu de croire que le culte était principalement célébré à Moyvillers, commune proche (mais pas encore limitrophe à cette époque). On peut dater sans trop d’erreurs la construction de la grande nef aux XVIe / XVIIe siècles. C’est seulement en 1869-1870 que l’on prolonge le bas-côté Nord pour être en harmonie avec la grande nef. On agrandit aussi les fenêtres pour laisser passer la lumière et on effectue les consolidations « de diverses parties tombant en ruines ». Enfin, la construction du bas-côté Sud (en briques, malheureusement) ne s’est faite qu’après 1883. On mentionne en effet à cette date dans un ouvrage d’Histoire locale l’existence à Estrées-Saint-Denis d’une église « avec un chœur et un seul bas-côté ». Cette partie de l’église n’est donc pas une reconstruction due aux dommages de la Première Guerre Mondiale.

De 1922 à 1929 la commune d’Estrées-Saint-Denis a procédé à la réparation de l’ancienne sacristie (aujourd’hui local de service), du chœur en partie bombardé et des vitraux soufflés par les explosions.

L’église, au cœur de l’ancien bourg domine avec son allure massive. On y remarque quelques restes d’architecture romane. Un porche en bois a été détruit par un incendie à une date inconnue. Les pierres roses (donc chauffées) au-dessus du portail en sont l’indice.

1965 : réfection complète du clocher.

1968 : réfection complète de la toiture de l’église.

L’intérieur de l’église semble relativement commun. On est toutefois surpris par la largeur démesurée du bâtiment. C’est une église « faussement petite » qui peut accueillir quatre cents fidèles.

Remarquerez-vous ensuite, en lieu et place primitive, sur le pilier principal, les figures inquiétantes de quatre démons qui depuis le XIe siècle tentent de troubler la prière des fidèles ?

Dans le chœur deux statues polychromes du XVIe siècle, sur socle, sont dignes d’intérêt. Elles représentent Saint-Denis et Saint-Denis décapité.

Tout près, on peut voir une tapisserie représentant « L’Adoration des bergers ». Classée par les monuments Historiques le 25 janvier 1913, elle a été restaurée en 1994.

Les bancs ont été construits en 1883. L’installation de l’actuel Maître-Autel, du fauteuil « de cérémonie » et des meubles de la sacristie date de 1930.

En regardant le fond de l’église, on remarque la tribune et les grandes orgues. L’instrument actuel, d’esthétique symphonique, a été inauguré vers 1910. Il a été entièrement payé par le curé de l’époque, l’abbé PIHAN, personnage érudit, mélomane, historien, théologien et… fortuné !

Les vitraux les plus anciens datent de 1889. Ils sont souvent gentiment naïfs mais forment une unité dans l’église et il est intéressant de remarquer leur « clarté de lecture » toute rurale.

Les trois cloches pèsent respectivement 750, 500 et 350 kilos. Le mécanisme a été électrifié en 1952.

En 2007, un nouvel autel a été réalisé pour l’église :

Présentation en vidéo de la création et de la bénédiction du nouvel autel

Les grandes Orgues de l’église d’Estrées-Saint-Denis

Il semble qu’un orgue existait déjà au XVIIIe siècle dans l’église d’Estrées-Saint-Denis, puisque l’on mentionne, dans les registres de délibérations du district de Compiègne, l’usage de son buffet pour servir de tribune à la Société Populaire du lieu, dans l’église transformée en temple de la raison en 1793-95… L’instrument aurait donc disparu au cours de la déchristianisation, sans que l’on sache rien de sa taille ni de ses qualités. Nous ignorons si cet instrument fut détruit ou remplacé avec le retour du culte catholique, au début du XIXe siècle.Le positif de dos de l’orgue de Pont-Sainte-Maxence, ville toute proche, est le seul vestige d’un instrument qui, autrefois, a sonné à Estrées-Saint-Denis.

L’actuel instrument, de pure facture picarde, a été construit par Félix VAN DEN BRANDE, un facteur d’orgues installé à Amiens. La date exacte de l’installation est ignorée. En effet l’instrument a été offert à sa paroisse par le curé de l’époque, l’abbé PIHANT. Ainsi les frais d’achat n’apparaissent pas dans les comptes et les archives de la cure. Mais il est certain que son installation est antérieure à la guerre 1914-18. L’orgue est arrivé par chemin de fer, la gare d’Estrées-Saint-Denis étant directement reliée à Amiens. D’après les souvenirs des “anciens”, on peut situer aux alentours de 1910 l’inauguration de cet instrument. En 1916 une bombe a atteint le chœur de l’église mais l’orgue semble avoir résisté à cette sombre période.

L’orgue d’Estrées-Saint-Denis, installé en tribune au fond de la nef, a été construit suivant un système mécano-pneumatique propre à la maison VAN DEN BRANDE. Il se compose de deux claviers manuels de 56 notes et d’un pédalier de 27 marches. Vers 1960 une restauration partielle est faite par les Établissements ROETHINGER de Strasbourg, avec installation d’une soufflerie électrique.

En 1963, Georges BOUYSSOU, devient organiste titulaire. Il met tout de suite tout en œuvre pour sauver son instrument.

En 1976 une révision sommaire est faite pour réparer en partie les dégâts occasionnés par la sécheresse anormale de cette année-là.

En juin 1980 Georges BOUYSSOU fonde l’Association pour la sauvegarde de l’orgue d’Estrées-Saint-Denis (Les Amis de l’Orgue d’Estrées-Saint-Denis). Il parvient à trouver les fonds nécessaires pour redonner un nouveau souffle à l’instrument qui est dans un état critique.

En 1992 l’orgue recommence à donner des signes de faiblesse. Un démontage complet s’impose. La Municipalité confie les travaux à Philippe GUILMARD de Paris. Ce dernier n’arrivera pas à mettre un terme aux travaux, il sera congédié puis remplacé par Patrice MASSON de Gisors.

Patrice MASSON va s’occuper de l’orgue de 1995 à 2004.

On lui doit de nombreux travaux et aménagements. Citons par exemple :

  • remplacement des rasettes usées de la trompette
  • remplacement du vieux moteur électrique
  • remplacement du basson-hautbois 8’ par une clarinette 8’ neuve
  • ajout d’une doublette 2’ et d’une quinte 2’ 2/3 sur le clavier de Grand Orgue

En 1999 Georges BOUYSSOU prend sa retraite (décédé en mai 2005). Stéphane DUPONT, organiste suppléant depuis 1992, devient alors titulaire jusqu’en 2014.

En septembre 2005, la maison Hedelin & Cie devient le facteur d’orgues titulaire du contrat d’entretien.

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L’orgue d’Estrées-Saint-Denis est un des beaux instruments de la région. Des organistes de renom sont venus le jouer en concert et l’apprécient. Citons Jean COSTA, François-Henri HOUBART ou encore Jean GALARD.

Association Les Amis de l’Orgue d’Estrées-Saint-Denis
(Association pour la sauvegarde de l’orgue d’Estrées-Saint-Denis)
Siège social : Presbytère d’Estrées-Saint-Denis
6 place Charles de Gaulle – 60190 Estrées-Saint-Denis
Président : Mme Jeanne Dottin